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Au Maroc l’on rencontre occasionnellement des artisans qui travaillent et transforment, souvent en coopérative, le raphia, le rotin, l’osier, la vannerie demeurant une activité artisanale importante, mais plus rarement le roseau, noble matériau qui tombe dans l’oubli.
Le roseau est une plante aquatique caractérisée par une longue tige droite. Au Maroc, elle existe dans les régions de Marrakech, de Fès et de Meknès et de manière plus isolée dans le reste du pays. La longueur d’une tige peut atteindre 3 à 4 mètres.
Il y a une vingtaine d’année, le roseau était largement employé. Il servait surtout de matériau d’emballage d’agrumes, de poissons et même de tortues destinées à l’exportation. Avec le développement des industries du plastique et du carton, l’emploi du roseau s’est considérablement limité.
Aujourd’hui, il ne sert quasiment qu’à la production de sous-plats, de petits paniers et de rouleaux de clôture et de grillage pour les villas, les cabanons ou les entreprises, mais de temps à autre l’on peut voir les artisans fabriquer des cabanons ou de véritables petites maisons de roseau. Les artisans font preuve de beaucoup d’habileté pour transformer le bouquet de tiges de roseau : ils les nettoient, les grattent et retirent toutes les feuilles et autres aspérités puis les alignent et les tressent entre elles avant d’en faire des toitures et des murs. Associés à d’autres matériaux isolants, la température perd quelques degrés sous ces abris.
Le roseau est vendu à l’unité mais également au bouquet, dans les entrepôts ou plus généralement sur les souks de campagne. Le prix d’une tige varie selon sa qualité, de 0,20 DH à 0,80 DH.
Les objets de l’artisanat du roseau restent des produits accessoires qui n’attirent pas le consommateur moyen. Les sondages montrent que plus de 80% des consommateurs ignorent le marché du roseau, on achète donc un sous-plat ou un petit meuble non pas par nécessité mais par plaisir. La logique commerciale du marché des roseaux repose sur des bases aléatoires, le choix du consommateur est beaucoup plus subjectif qu’objectif. Le client roulant à bord de sa voiture remarque le marché des roseaux à Casablanca ou à Marrakech et le visite par curiosité mais l’activité porte plus sur le rotin. L’achat vient éventuellement en second lieu.
Il y a quelques années, la clientèle intéressée par les meubles en roseau était essentiellement étrangère. Depuis 1985, l’artisanat du roseau est complètement relégué au second plan au profit de l’industrie du meuble en rotin ce qui est fort dommage car les possibilités d’aménagement extérieur sont variées et relativement résistantes.
Le roseau fascine depuis toujours l’imaginaire des poètes et des écrivains : le fabuliste Jean de La Fontaine lui consacra une de ses fables les plus célèbre, Le Chêne et le roseau et Blaise Pascal écrivait dans une célèbre citation que « l’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant ».