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La main courre sur le papier, quelques traits précis et la vie est croquée.
Personnages, animaux, nature, tout ce qui bouge et qui vit, du soleil à la lune, Belaïd fixe le temps, authentique ethnologue. Laisser une trace de son pays, une mémoire dessinée du temps qui passe. Des croquis contre l’oubli.
Matérialiser sur du papier les traditions, les coutumes et les costumes, la vie de la ville, celle des campagnes ou de la mer. Une démarche humaniste qu’il cultive et qu’il aime. Une envie, un besoin et un amour irrépressibles de dessiner, de croquer le monde, une force intérieure qui le pousse à rendre compte de ce qui l’entoure, des pulsions qui existent depuis toujours, et plus encore après ses études d’art dans les années 60 en région parisienne. Trente années passées en France et une installation à Essaouira voici 13 ans.
Depuis toujours il saisit le vivant, transmet sa passion aux plus jeunes afin que rien ne se perde de la vie du pays, de ces années. Inciter les artistes Marocains à faire de même, pour ne pas laisser la mémoire s’enfuir. Sur les souks, dans les ruelles, les ports, les campagnes, tout doit être transcris, retranscris, offert à tous, témoignage indispensable de notre époque.
Des dessins, des peintures, des sculptures par milliers, des femmes, des hommes, de la vie, du mouvement. Un maître mot, le vif, sur le vif toujours et encore. Des pauses dans son atelier pour rajouter le détail, passer de la couleur et recréer une ambiance. Une main qui se lève, un âne qui se roule sur la terre, des poules qui piaillent, vendeurs, plis de djellabas, nattes d’osier, toile de tente et barbiers, un mouvement dansant, un échange, rien ne lui échappe l’œil toujours aux aguets et la main agile. Au hasard des balades dans la ville on le croise seul ou avec des élèves à prendre sur l’instant ces scènes du quotidien, carnet et crayon en main. Belaïd ne copie jamais, ne travaille pas d’après photo. Simplement sur l’instant il se saisit ce qu’il veut de la vie qui se déroule. Un reflet du réel, des empreintes de mémoire pour les futures générations.
Pour sa lutte contre l’oubli Belaïd Belhaoui réalise des croquis, au pastel, à l’aquarelle, huile, mine de plomb ou fusain. Il sculpte aussi, bois, métal, modelage, terre, moulage et prépare des œuvres de bois et métal avec un artisan d’Essaouira. Toujours du figuratif. Ici une chorégraphie sur la plage, un danseur, une vendeuse… des sujets représentations de la vie.
Il y a 3 ans, il a suivi une transhumance du Moyen Atlas jusque dans le Haut Atlas. 300 Km à pieds pour fixer la vie des bergers, leur quotidien. Une bergère qui le soir se change et danse. Toujours en mouvement, fixe ceux des autres mais les siens ne cessent jamais. Cours, interventions dans les classes, soutien à d’autres artistes, transmettre, représenter le vivant, tout ce qui bouge l’intéresse, empreinte de la vie qui passe.
Belaïd expose souvent, ici à Essaouira dans le cadre des festivals, ailleurs à Casablanca ou encore à La Rochelle. Certaines de ses œuvres sont en exposition permanente au restaurant « Chez Françoise » dans la médina d’Essaouira.