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Sur la côte marocaine, loin des foules de touristes, Essaouira est une des villes des plus plaisantes au climat tempéré toute l’année. Laissez-vous immerger dans l’atmosphère si particulière d’Essaouira à l’abri de ses remparts ocre rose!
Ville d’art, elle envoûte depuis des siècles poètes, savants et artisans. La perspective des rues de la médina, les maisons blanches et bleues, la cuisine régionale, l’artisanat local, la musique gnaoua, l’harmonie qui y règne et son mélange de cultures si spécifique, Essaouira ville magique et mystérieuse !
Une visite de la ville à effectuer au gré des ruelles en se laissant porter. De l’incontournable place Moulay Hassan, de portes en portes, en passant par le musée, les rues qui longent les remparts, les souks de la vieille ville … une ville à découvrir, à explorer en flânant dans les rues au gré de son inspiration, rue après rue, pages d’un livre que l’on tourne.
Une petite sélection pour vous de lieux à découvrir dans la ville, mais non exhaustive. Une promenade à effectuer avec le plan du Guido Pocket en main pour situer les lieux.
Le musée d’Essaouira et ses collections de tapis, instruments de musique, vêtements, objets d’artisanat etc.
La scala du port et sa vue imprenable sur les îles Purpuraires
Elle est composée de deux batteries dotées de superbes canons en bronze. Deux ailes fortifiées se coupent à angle droit, l’une derrière le fronton de la Porte de la Marine (contruite en 1769), l’autre au-dessus des magasins du port et fait face à l’archipel. Cette scala aurait été construite sur les restes du château portugais « Castello Real ». On avançait même que la tour carrée, à droite de l’entrée du port, serait le château lui-même qui aurait été restauré après sa destruction en 1510 par les tribus voisines. La seconde tour à gauche est construite sur le même modèle portugais. La Porte de la Marine, édifiée en l’an 1184 de l’hégire (1806) pour relier la ville au port, est ornée de deux colonnes et d’un fronton triangulaire très classique. L’ensemble est impressionnant.
Un escalier permet d’accéder au sommet de la muraille de la scala du port, qui autrefois le défendait avec sa batterie coiffée d’une tour à signaux. C’est dans cet étonnant décor qu’Orson Welles a tourné certaines scènes de son Othello, qui devait remporter la Palme d’or au Festival de cannes en 1952.
La scala de la kasbah ou scala de la ville
Ce puissant rempart crénelé formé de blocs de roche sciés est posé sur une plateforme rectangulaire longue d’environ 300 m. Il protégeait la ville de l’océan et la défendait au Nord-ouest du côté de la mer. Du haut, on distingue encore les traces de scie et le trou, vestige de la manœuvre qui servit à déplacer ces roches. Sur le chemin de ronde, auquel une rampe donne accès, des pièces de canon, coulées en Espagne aux 17e et 18e siècles, reposent toujours sur leurs affûts, braquées vers le large. Cette grande batterie construite sur un long rocher est portée sur une trentaine de dépôts et sur deux maisons de forme ronde : une autre plateforme circulaire, le bastion, une citerne et une trentaine de magasins complètent cet ensemble. Actuellement, les casemates du rez-de-chaussée abritent les ateliers d’un petit nombre d’artisans-marqueteurs, qui ont fait la renommée de la ville. De là, on admire sans relâche les splendides perspectives sur les fortifications, l’océan et les îles Purpuraires, une promenade vivifiante dans les embruns et le vent. A chaque heure du jour son spectacle.
L’horloge de la ville, récemment restaurée, pour le plaisir de l’entendre sonner tous les quarts d’heure.
Au cours de la deuxième décennie du 20e siècle, la ville de Mogador change d’aspect et de mode de vie. De nouvelles infrastructures voient le jour. L’horloge de la ville est installée, à la demande des notables de la ville, au dessus de la porte de Souk el Jadid à proximité de la mosquée d’El Haddada. Un essai peu concluant. Le mécanisme fut retiré et la municipalité décide de construire une tour dans le Méchouar, appuyée aux remparts de la Casbah et d’y installer un carillon. Les travaux de construction et d’installation furent entrepris en 1926 et achevés en 1928. Des techniciens d’entreprises françaises se chargent de mettre le mécanisme en route : la ville résonne chaque quart d’heure de ces nouveaux coups de gong. L’horloge fonctionne jusqu’en 1997 et toutes les tentatives de la remettre en état de marche n’ont pas abouti jusqu’au printemps 2012.
Comme souvent l’histoire n’est pas la même pour tout le monde ! Certains affirment que cette horloge date de 1913 et serait un présent du général Lyautey qui aurait demandé aux habitants de la ville ce qu’ils désiraient : la réponse aurait été « l’gana oul’magana » soit un endroit de détente, le chalet, et une montre, « l’horloge » ! Le « Chalet de la plage » est toujours sur la mer pour s’y détendre, l’horloge aussi mais sans carillon !
La mosquée Sidi Mohamed Ben Abdallah ou mosquée de la Casbah est construite au cœur de l’ancienne casbah à l’extrémité Nord de la place Moulay el Hassan dès la création de la ville au XVIIIe siècle. A cette mosquée était rattachée une médersa, école coranique, fractionnée maintenant en boutiques. Elle possède une importante bibliothèque.
Les églises d’Essaouira et le cimetière chrétien
Les premiers européens s’installèrent dans la ville dès sa construction, néanmoins leur communauté était encore très réduite à la fin du 18e siècle. Son augmentation sera croissante dès la seconde moitié du 19e siècle. Les missionnaires espagnols de l’ordre de Saint François d’Assise ouvrirent alors au culte catholique la première chapelle franciscaine (dite Eglise Portugaise) à Mogador dès la fin du 18e siècle. Nichée au fond d’une impasse en partie couverte, sa façade et son entrée principale sont étroitement amalgamées au tissu historique ; elle se trouve près de la scala de la casbah, rue Ibn Zohr, dans la partie sud-est de la médina.
C’est en 1939 que sera édifiée une église digne de ce nom dans la ville, Notre Dame de l’Assomption, établie à l’extérieur de la médina, entre la porte de Bab Marrakech et la plage, sur l’arrière du Sofitel, avenue El-Moukaouama. C’est, à ma connaissance, la seule du pays dont les cloches tintent à la volée le dimanche pour annoncer la messe de 11h. Son mobilier cultuel est essentiellement constitué de bois de thuya, des tapis locaux recouvrent le sol, dons d’artisans de la ville. De nombreux croyants, résidents ou touristes participent aux grandes célébrations chrétiennes. Le prêtre, Jean-Claude Gons, vit à Essaouira depuis plus de 28 ans et bientôt une quarantaine d’années au Maroc.
Le cimetière chrétien survit, à la sortie Nord de la ville, composé de deux parties, avec dans son prolongement l’ancien cimetière juif. L’entrée se fait par un petit porche surmonté de l’inscription « PAX ». Un gardien musulman, Saïd Bouazzaoui, l’entretient, mais les tombes sont à l’abandon malgré quelques récentes mais rares sépultures. Nombreux sont les diplomates de diverses nationalités enterrés là : Français, Brésiliens, Portugais, Anglais… Le temps, le vent, les embruns ont eu raison des caveaux de famille de marbre blanc et noir, les épitaphes disparaissent et laissent place aux mauvaises herbes.
L’église portugaise, en ruine, à admirer du haut des terrasses
Les portes : Bab sbaa, porte Sud-est, entrée principale de la ville au bout du boulevard de la me. Bab el Menzeh, porte Sud qui ouvre sur le port. Bab Doukkala, porte Nord.
Le bastion de bab Marrakech
C’est l’édifice défensif le plus important du côté terre, impressionnant par ses dimensions, construit sous le sultan Moulay Abderrahmane au début du 19e siècle. D’un diamètre de 35m, il occupe une superficie d’environ de 980 m2. Il se présente sous la forme d’une batterie circulaire qui couvre un angle de 270° qui permet de dominer la quasi totalité des accès Est de la médina. Cette plateforme supérieure circulaire abritait une importante barrière percée de larges embrasures où furent placés les canons, toujours présents, braqués vers la baie et vers l’est de la ville. La Scala possédait 14 dépôts pour le stockage des munitions. L’intérieur de la tour servait de poudrière et d’entrepôt de munitions. Sa structure étroitement bâtie en moellons de pierres de taille, est composée d’un double mur extérieur relié à un noyau central (tour de 8 m de diamètre) par une enfilade d’alcôves voûtées en berceau plein cintre, soutenues par de nombreuses colonnades, dont la partie supérieure est formée d’arcades, découpant ainsi l’espace en 11 compartiments identiques communiquant tous par une galerie en coursive. L’entrée, agencée en doubles chicanes symétriques, occupe - avec les escaliers desservant la terrasse- l’espace de trois alcôves. Sous le protectorat deux maisons furent construites sur le bastion ainsi que le mur de rempart sur le haut de la tour.
Le bastion domine la baie de Mogador, et les dunes du Nord et de l’Est. Ville posée sur les sables, les attaques étaient à craindre du côté de la mer et par les terres, là d’où arrivaient les caravanes.
Au 19e siècle, l’armée chérifienne y avait son état major et assurait la protection de la ville côté terre : cette vocation lui fut assignée dès sa construction pour défendre les assauts venant de l’Est. Son rôle fut de même essentiellement militaire, jusqu’à la fin du protectorat.
Quand la ville fut occupée par les Français, le bastion fut exploité comme caserne. Selon les époques et les évènements, ses noms changent : en 1912-1913, il portait le nom de caserne du Tabor occupée par les Zouaves, puis dans cet édifice de casernement, fut créé le camp Brulard, siège du quartier général militaire. Les baraquements mitoyens et complémentaires se situaient, quant à eux, près de Bab Sebaa , à l’emplacement de l’hôtel des Iles. Les Français y installent ensuite la caserne du Verger ou du Vergier (théologien français).
La cour du bastion de Bab Marrakech et les bâtiments attenants, abritent actuellement le centre artisanal d’apprentissage et de vente au public (citadelle Mahamadiya) : bijoux, bois de thuya, tissage. Superbement restaurée en 2004/2005, puis en 2011/2012, la tour du bastion abrite désormais des expositions d’art contemporain de qualité.
Le mellah, un endroit dans lequel les touristes ne se rendent pas ou peu, maisons écroulées aux airs de fin du monde et ses synagogues.
Poursuivre votre visite de la ville dans les rues couvertes derrière la rue de la scala avec la coopérative.
- Boire un verre sur la place Moulay Hassan et regarder déambuler la population et les touristes.
- Manger une pâtisserie « Chez Driss » pour les saveurs mais également pour la décoration intérieure.
- Se perdre dans les ruelles et les impasses
- Faire une halte dans l’ancien consulat français où s’arrêta le père Charles de Foucauld aujourd’hui siège de l’Alliance franco marocaine, dans la rue qui mène à la scala
- Aller à la rencontre des chats qui habitent la médina comme nulle autre part ailleurs
- Admirer dans la rue de l’Istiklal, avenue qui traverse la médina, les superbes immeubles coloniaux
- S’imprégner de la ville et surtout lever le nez et regarder autour de soi, les fontaines, les maisons, les fenêtres, l’architecture ambiante, les signes religieux qui ornent les portes des maisons