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Mohamed Hiloub dit Calypso en référence au bateau de Cousteau, travaille depuis 1992 comme maquettiste naval. Son atelier situé dans la rue d’Oujda en plein cœur de la médina ne se voit pas. Souvent la porte est poussée et l’endroit ne fait que quelques mètres carrés, à peine de quoi bouger et d’être plus de deux personnes dans l’atelier. Peu de passage des habitants ou touristes de la ville.On le connait peu et son atelier échappe aux regards.
De là sortent des goélettes, des frégates, et de nombreuses reproductions de bateaux anciens tels que les clippers. Sur les murs, le Titanic, des photos d’autres embarcations, des plans etc.…
Mohamed travaille essentiellement pour les étrangers, anglais, allemands, américains, français et leur expédie ses réalisations dans des caisses de bois, molletonnées de mousse épaisse, par avion et en recommandé. « Tout est possible, tout est réalisable » comme il se plait à le dire. Il découpe, assemble, bois blanc, teck, bois exotique ou acajou pour les coques, les mats, les roofs, les différentes parties du bateau en fonction des modèles.
Il complète ses fabrications par les gréements dans leurs moindres détails, utilise principalement du cuir pour les voiles de ses maquettes, les équipe des cordages, des coutures des ris et des ses garcettes (Les garcettes de ris sont de petites longueurs de cordages fins, ou bouts, fixés à demeure sur les voiles, et permettant de ferler la partie inutilisée de la voile après une prise de ris) : les coutures nécessaires sont intégralement faites à la main, le tout avec une finition rare et étonnante pour un si petit atelier, ce qui le distingue très nettement avec ses réalisations des autres maquettes de bateaux vendues dans la médina.
De sa fabrique dans laquelle il opère seul, sortent de trésors ou véritables œuvres d’art ! Pas de stock, simplement des ouvrages en cours de commande. Mohamed a appris enfant le travail du bois en compagnie d’autres jeunes et passe des heures au port à observer les bateaux, sur le chantier naval également. Il commence ses premières reproductions avec ce qu’il a sous les yeux dans le port puis approfondit ses répliques à l’aide du magazine le Chasse marée. Il récupère de vieux plans, ses clients lui en fournissent aussi ; il met tout son amour dans les bateaux, toute sa minutie.
En fonction des besoins pour sa commande il sculpte le bois, le tourne, soude, peint, brode ou cout : une multitude de savoirs faire pour assouvir sa passion et être fier de l’aboutissement de ses projets. Certaines maquettes, non les plus importantes, lui demandent environ quatre vingt jours de labeur. Mohamed prend le temps de dire au visiteur toute sa fascination pour la mer et pour tous ces bateaux qui depuis des siècles la parcourent, à voile ou à moteur. La visite s’impose pour les amateurs, la rue d’Oujda se situe juste derrière le souk aux poissons et est perpendiculaire à la rue très commerçante sidi Mohamed Ben Abdallah.
Mohamed affectionne tout particulièrement les clippers, bateau à voile fait pour convoyer le plus vite possible des denrées périssables grâce aux dimensions fines et longues de sa coque et une voilure importante. Créés sur la Côte est américaine, les clippers furent à leur apogée au milieu du XIXe siècle sur les routes commerciales du thé et du coton de l’Empire britannique et sur la liaison, via le Cap Horn, entre New York et San Francisco au moment de la Ruée vers l’or. Comme nombre des bateaux de commerce de l’époque, il s’agit d’un gréement trois-mâts, caractérisé par des voiles carrées sur la misaine, le grand mât et l’artimon, ainsi qu’une voile aurique sur l’artimon.