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At-Tarab al-andaloussi plus communément appelée Al-âla, ou musique arabo-andalouse signifie « enchantement provoqué par la musique andalouse ».
Rien de moins étonnant lorsqu’on sait qu’elle était l’expression musicale de la très raffinée civilisation Hispano-maghrébine dont le Maroc est devenu l’héritier fondamental.
La musique arabe a incontestablement influencé la musique espagnole, apparence toujours évidente dans le flamenco, mais l’inverse est certain, et l’existence de modes grégoriens nous rappelle aussi que le chant des premiers andalous était inspiré de celui des chrétiens.
Les chroniqueurs rapportent que c’est un musicien de grand talent, Ali Ibn Nafi, plus connu sous le nom de Ziriab, qui, fuyant Bagdad en 822, a introduit à la cour de Haroun El-Rachid à Cordoue une nouvelle méthode de chant. Ce compositeur a eu une influence décisive sur la musique andalouse. C’était un virtuose du luth et un esprit encyclopédique : son répertoire aurait compté dix mille chansons. Aujourd’hui encore sont pratiqués, le genre et la forme des anciennes noubas, avec leur rythme de base appelé mizan. La nouba est en fait une succession de mouvements précédés généralement par un prélude musical appelé Elkoursi ou elkrissi. Certains mouvements son entièrement musicaux telle la Touchia.
Après avoir connu un grand succès sous les Almoravides, (1061-1147) la musique arabo-andalouse fut complètement discréditée avec les Almohades (1147‑1248) très puritains. Sous leur règne les chanteurs étaient arrêtés et les instruments de musique détruits. La musique andalouse s’est alors camouflée derrière des cantiques à l’honneur du prophète, appelés madihs.
A la chute de Grenade, (1492) cette musique connaît un nouvel essor : elle s’enrichit de l’apport des réfugiés grenadins dont la majorité vient s’établir au Maroc. Ce qui subsiste alors, provient de l’école de Séville.
Les musiques arabo-andalouses s’inscrivent dans le patrimoine de l’humanité comme des monuments sonores de tout premier ordre. Avec la reconquête chrétienne de l’Espagne médiévale, le Maroc en a recueilli plusieurs courants qui se sont cristallisés en deux écoles principales : celle de Fès qui compte deux lignées distinctes depuis le début du XXe siècle.
La lignée d’El Brihi s’est poursuivie avec Abd El Karim Raïs pour aboutir à Mohammed Briouel qui se caractérise par sa préoccupation de haute culture musicale et poétique et par son domaine de prédilection : le concert profane et la représentation musicale officielle du Palais Royal. A ce titre elle n’a pas hésité à suivre la mode du nouvel instrumentarium arabe dans lequel les instruments du quatuor à corde occidental ont eu tendance à étouffer les sonorités traditionnelles.
Au début du 20e siècle, des écoles sont fondées à Fès et à Marrakech qui dispensent l’enseignement de cette musique. Pour la première fois, des colloques sont organisés, pour étudier les moyens de sauvegarder le patrimoine musical andalou.
Il semble que le caractère original de la musique arabo Andalouse ait été, dans l’ensemble, assez bien conservé, davantage au Maroc que dans les autres pays. Elle demeure aux yeux des marocains, un art savant et raffiné.
La musique andalouse marocaine, synthèse des traditions musicales arabes, berbères et espagnoles, est très différente de la musique orientale. Des efforts constants sont déployés pour la faire connaître, la diffuser et la sauvegarder, de nombreux festivals lui sont consacrés tant au Maroc qu’en Europe.
La promotion des pratiques actuelles, consistant en l’usage d’instruments plus modernes et à de nouvelles interprétations, semble contribuer à la sauvegarde de ce patrimoine inestimable.
Cette musique utilise généralement les instruments suivants : Derbouka, Tar, Rebab, Oud, Nay (flûte), Tabilate et des instruments plus récents, la mandoline, l’alto, le violon voire le violoncelle.
Le daf ou bendir est un instrument rond en bois de citronnier et recouvert de peau de chèvre ou de chameau, comportant, à l’intérieur, 2 fils de nylon ou de boyau ; ces fils équilibrent les vibrations. Cet instrument est utilisé dans toutes les musiques arabes et berbères, ainsi qu’au Soudan ou au Mali, mais sa taille peut varier. Généralement il n’est pas adopté dans la musique gnawa. Il donne aux morceaux musicaux leur énergie et assure la complicité avec les autres instruments.
LES INSTRUMENTS
Le rabâb
marocain est une vièle monoxyle dont la caisse est étroite et bombée. Celle ci peut être en bois de noyer, citronnier, cèdre, acajou, thuya ou encore en abricotier.
La tête (ra's), rectangulaire, forme un angle droit avec le corps. Deux grosses chevilles de bois servent à régler la tension des deux cordes faites en boyaux. La partie supérieure de la table d’harmonie est très souvent finement décorée. Le bois est ajouré ou incrusté de nacre, d'ivoire, de métal ou d'os en forme de rosaces, palmettes ou fleurs de lys.
On peut trouver également une fine lisière de motifs géométriques en marqueterie. la partie inférieure, moins longue, est en peau de chèvre ou en parchemin. Deux ou trois paires d'ouïes sont généralement situées sur les côtés de la caisse. L'archet du rabâb est petit, assez lourd, en forme d' arc très marquée. La tige est en fer ou en bois parfois décoré, la mèche en crins de cheval. Le rabâb, par sa puissance et sa sonorité particulière, est aisément reconnaissable au sein de l'ensemble. Par sa nature de basse, il joue un rôle de soutien presque permanent. C'est également à lui qu'est assignée la responsabilité de lancer les débuts de phrases instrumentales et chantées. Il assure aussi les transitions durant lesquelles on peut l'entendre seul, à découvert.
Le târ
est un tambour sur cadre circulaire, ouvert à une extrémité et recouvert de l'autre par une fine peau de chèvre. Le cercle ou corps de l'instrument, en bois de hêtre, cèdre ou micocoulier, peut être décoré de motifs géométriques. Il est percé généralement de cinq rangées d'ouvertures où se fixent des cymbalettes circulaires en cuivre, laiton ou argent, d'un diamètre de cinq à six centimètres. L'instrumentiste tient le târ dans la main gauche, entre le pouce et l'index, le pouce étant passé à l'intérieur du cadre. Le majeur et l'annulaire actionnent les cymbalettes, également mises en mouvement par le jeu du poignet.
La responsabilité du joueur de târ est capitale, c'est à lui que revient le rôle de déterminer et de maintenir le tempo ainsi que de gérer les accélérations.
Le'ûd
est un luth à manche court appelé au Maroc 'ûd ramal (du nom du mode ramal ou mode de ré qui caractérise son accord). Luth de la musique arabo-andalouse par excellence, il est muni de quatre choeurs (cordes doubles).
Le 'ûd se tient posé sur les genoux de l'instrumentiste. Ce dernier tient le manche dans la main gauche et pince les cordes à l'aide d'un plectre dans la main droite. Le 'ûd possède une double fonction d'accompagnement et de soliste, un double rôle harmonique et mélodique.