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Le consulat danois a été le premier consulat européen à Mogador. Construit en 1765. Le consul brésilien a commencé le travail et il a été achevé par Geord Höst consul danois. Lorsque la Royal Danish - Société Africaine a été liquidée 1767, il a été offert au roi du Maroc par le gouvernement danois.
Ce consulat est un monument de grande importance dans la médina d’Essaouira par son architecture, sa taille et son histoire. Il constitue un exemple majeur de coexistence harmonieuse entre le style architectural décoratif marocain et le style européen.
La bâtisse s’organise autour d’une cour intérieure à colonnes. Elle se compose d’un rez-de-chaussée, un étage, une terrasse et d’une tour de guet à deux niveaux. Ses façades sont percées, au rez-de-chaussée de meurtrières servant à aérer et ventiler les entrepôts qui l’occupait. À l’étage, neuf grandes fenêtres sont aménagées ; la plus importante est une porte-fenêtre placée au milieu de la façade et dotée d’un balcon orné de balustres. Il s’agit du plus ancien édifice consulaire construit à Essaouira suite à la demande du sultan fondateur de la ville en 1760 et voit actuellement sa cour intérieure se transformer en amoncellement de déchets, en plein cœur de la médina.
L’action conjuguée du temps, de l’Homme et du climat a causé une dégradation très avancée des monuments de la ville, ce qui nécessite une intervention urgente pour leur restauration, réhabilitation et mise en valeur, bien que les structures verticales ne présentent ni fissures, ni autres problèmes majeurs.
Les dégâts touchent principalement les structures horizontales, les enduits et les éléments décoratifs. Des travaux urgents doivent être entrepris pour stopper le processus de dégradation et éviter qu’ils ne tombent en ruine. Avec ces bâtiments, c’est tout un pan de l’histoire de la ville, de ce superbe port qui risque de s’effacer.
Par ailleurs, la diversité et la multiplication des activités socioculturelles importantes qu’a connues la ville d’Essaouira ces dernières années, n’ont pas été accompagnées par la mise en place de structures d’accueil appropriées. La restauration de ces bâtisses patrimoniales en centres culturels participerait certainement à combler ce vide.
L’agence urbaine de la ville d’Essaouira développe deux études stratégiques visant à réhabiliter la médina et propose un programme d’actions prioritaires.
La valeur de la médina d’Essaouira est reconnue par un dahir de 1924 qui classe ses murailles, portes, tours et bastions comme monuments historiques, mais également par l’Unesco qui l’a inscrite au patrimoine mondial de l’Humanité. Convoité par les touristes et sujet de fierté pour les Souiris, ce trésor est pourtant menacé. Le climat agressif, les mutations socio-économiques, la pression urbaine et la densification anarchique du tissu urbain sont autant de facteurs qui mettent actuellement en péril son potentiel historique, mais également économique et touristique. En réponse à cette dégradation, l’Agence urbaine d’Essaouira met actuellement les bouchées doubles pour achever deux études. La première concerne la réhabilitation globale de la médina et la seconde se focalise sur le mellah, l’ancien quartier juif de la ville, où la dégradation a atteint un stade avancé. La première étude, structurante, vise à mettre à niveau la médina dans sa dimension à la fois urbaine, sociale et économique.
Des enjeux pour le moins cruciaux, quand on sait aussi que cet espace de 30 ha constitue le pôle principal de l’activité commerciale et artisanale de la ville. « L’étude devra déclencher un processus de revalorisation d’un patrimoine en dégradation, tout en s’inscrivant dans une perspective globale de développement durable », indique un rapport de l’Agence urbaine. L’étude entend avoir un impact sur la restauration urbaine, la requalification des infrastructures, la sauvegarde du patrimoine et l’amélioration du paysage urbain. Un diagnostic des problèmes de la médina sera également établi.
Parmi ces contraintes, le rapport relève déjà la vétusté des infrastructures de base (assainissement, voirie et électricité), la précarité des conditions d’habitat et d’hygiène, la dégradation du paysage urbain (mauvais état des façades urbaines, décadence de l’esthétique du site) et le manque d’équipements socio-collectifs, culturels et de loisirs. De plus, « l’organisation spatiale des activités commerciales n’est pas optimale et des problèmes de liaison existent avec le reste de la ville. Du côté des habitants, la population qui y réside se caractérise par de faibles revenus, voire une pauvreté accrue », souligne le rapport. L’étude compte donc proposer un programme d’« actions prioritaires ». A l’ordre du jour, l’amélioration de la qualité du paysage urbain, du bâti et des espaces collectifs, l’intégration de tous les quartiers de la médina à la dynamique économique, l’identification de projets capables de créer une dynamique de développement socioéconomique…Des projets concrets sont également en gestation, tel un nouveau marquage des accès à la médina ou le recensement des monuments historiques à sauvegarder.
Quant à la deuxième étude, elle se focalise sur le mellah, l’ancien quartier juif d’Essaouira. Ce quartier qui s’étend sur 4 ha et dont la densité moyenne est de 2.000 habitants/ha bénéficie d’une situation stratégique, à proximité de la mer et de la porte de Bab Doukkala. Bien qu’il soit riche en patrimoine bâti de grande valeur, il est le plus pauvre de l’ancienne ville. Il s’agit donc, à travers un aménagement détaillé, d’y initier un processus de renouvellement urbain et d’améliorer sa compétitivité. Le plan d’action prévoit notamment de relever ses caractéristiques patrimoniales architecturales et urbanistiques, de mettre en place des liaisons avec les autres unités de la médina et de valoriser sa trame urbaine originale. De plus, la restauration et la reconstruction des défenses marines, censées protéger la muraille-nord de la ville des assauts de l’océan, est prévue. Malgré les atouts du mellah, il affecte l’image d’Essaouira et de sa médina. En effet, la population de l’ancien quartier juif est la plus démunie de toute la ville. Son taux de sous-équipement est également le plus élevé. « Les populations vivent dans des conditions d’indigence, d’insalubrité et d’insécurité indécentes.
Ce profil socio-économique des habitants du mellah est une contrainte primordiale pour intervenir dans ce quartier, qui a déjà fait l’objet d’opérations de recasement de nombreuses familles, malgré leur solvabilité très faible », indique le rapport.
Informations issues du journal « l’économiste ».